Le jour où… « J’ai rencontré Charles Aznavour »
Daniel, 67 ans, céréalier à la retraite.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«C’était le 26 janvier 2012. Ce jour reste gravé dans ma mémoire et dans celles de ma femme et de ma fille. Un agriculteur du Berry qui rencontre Charles Aznavour, c’est exceptionnel ! Et cela s’est déroulé dans une telle simplicité et avec une telle convivialité…
En effet, nous avions un ami commun, Jean-Marc Natel, un poète. Régulièrement, il venait avec des artistes découvrir notre exploitation, à la Boutardière, à une vingtaine de kilomètres de Châteauroux.
Apporter le bon produit à la bonne dose au bon moment était mon leitmotiv dans le cadre d’une agriculture réfléchie. Ensuite, j’ai vu que l’on pouvait l’apporter au bon endroit avec un outil révolutionnaire, le GPS. Nous avons créé la première ferme expérimentale à l’échelon européen sur l’agriculture de précision. Puis, avec huit agriculteurs, nous avons réalisé un assolement commun, que j’ai quitté au bout de quelques années. Je voulais aller plus loin dans ma préoccupation de l’environnement et mieux comprendre le rôle des insectes auxiliaires. Bref, mon métier et le monde du vivant me passionnent et j’ai eu vraiment plaisir à l’expliquer à Charles Aznavour. Il m’a confié qu’il trouvait dommage que le grand public ne soit pas au courant de toutes ces bonnes pratiques agricoles et m’a demandé si tous les agriculteurs étaient prêts à s’engager dans ce système…
Il s’est montré intéressé et enchanté par notre travail sur les jachères mellifères. Je lui ai dit qu’il pouvait en semer entre ses rangs d’olivier, dans sa propriété du sud de la France, et ainsi fabriquer de l’huile et du miel en même temps. Il était partant pour que j’aille les semer. Mais avec tous ses rendez-vous, je n’en ai pas eu l’occasion…
Lui qui parcourait le monde, est venu, à quatre-vingt-sept ans, passer une journée chez nous. Pour le déjeuner, ma femme était dans ses petits souliers. Mon ami Jean-Marc m’avait conseillé de lui préparer un pot-au-feu. Charles Aznavour s’est régalé avec ce plat si simple. Il s’est aussi livré sur certains passages de sa vie et m’a expliqué qu’il écrivait tous les matins. Il avait constamment sur lui un dictionnaire des synonymes, toujours à la recherche du mot exact. J’ai rencontré un homme curieux, à l’écoute, et sans aucune prétention. Ce fut un vrai bonheur de le recevoir. »
Propos recueillis par Aude Richard
Pour accéder à l'ensembles nos offres :